MA VIE DE SPELEOLOGUE

Ma Vie de Spéléologue
Ou 50 ans
De la vie
De l’Association Spéléologique Nîmoise
Par
Bernard Daudet

Aven Noël

Sommaire
1 Comment j’ai connu et eut envie de faire de la spéléologie
2 : Ma première expérience spéléologique
3 :Mon Initiation
4 : Maintenant je suis spéléologue
5 : Une pause
6 : Le retour

Préface

En écrivant ma vie de spéléologue, je tiens à rendre hommage à tous ceux qui m’ont
donné envie de connaître et d’aimer ce milieu souterrain que l’on dit injustement
austère.
Je ne pourrais pas écrire ces lignes, sans me souvenir de cet homme, qui pour moi, a été
et restera mon maître : Jean-Louis Coste.

Jean-Louis Coste

Que de choses il m’a appris. Il a su m’aider quand je n’avais pas de travail en
m’employant dans son magasin d’électricité.
Lorsque j’évoque son souvenir dans nos réunions du vendredi soir, je vois dans les yeux
de plusieurs qu’ils auraient aimé le connaître.
Il ne faut pas que j’oublie, tous les autres membres du club (Jean-Pierre Monteil,
Christian Roche, etc…) qui m’ont beaucoup appris sur la spéléologie sous toutes ses
formes (explorations, désobstruction, photographie, topographie, géologie).
Il y a eu aussi Roger Reboul

Roger Reboul
et Jeanine, qui avec leur fourgon nous ont transporté un
peu partout pour voir et explorer d’autres cavités que celles de nos garrigues.
A tous, et à vous en particulier, Jean-Louis et Roger, je dédie ces lignes
Mon histoire est aussi un peu celle de l’Association Spéléologique Nîmoise, mon club
depuis 1967.

1 : Comment j’ai connu et eu envie de faire de la
spéléologie

J’avais 14 ans et demi, j’étais au Collège du Mont Duplan. Dans les cours que j’étudiais,
il y avait de la géologie. Avec mon copain Etienne Maradène, le jeudi nous parcourions
la garrigue à la recherche de minéraux et fossiles. C’était une grande passion.
Au mois d’Août 1967, pendant les grandes vacances, je vois dans le journal, que des
spéléologues sont à la Fontaine de Nîmes, pour la vider et explorer son réseau
souterrain.
En curieux, je vais voir ce qui se passe : je ne savais pas que cela occuperait mon temps
libre pendant des décennies.
Immédiatement, je suis fasciné de voir tout le travail qu’effectuent tous ces spéléologues.
On se croirait dans une ruche. Tout le monde s’active, et on tire des câbles électriques,
des tuyaux métalliques, et ça monte et ça descend dans le puits. Il n’y a pas de temps
mort. Ce sont des professionnels, me dis-je : plus tard j’en ferais bien mon métier. A ce
moment-là je ne savais pas que tout ce monde-là était entièrement bénévole et faisait ça
pour leur plaisir.
Sans le savoir, j’avais attrapé un sacré virus : La Spéléologie.

2 : Ma première expérience Spéléologique

En rentrant à la maison, j’ai dit à mes parents, que j’aimerais bien visiter les galeries
souterraines de la Fontaine. Ils n’ont fait aucunes objections, mais il fallait une personne
de confiance pour m’y accompagner. A ce moment-là, ma mère me dit qu’à son travail,
justement il y a une stagiaire qui sortait avec un spéléologue. Elle va lui en parler.
Le rendez-vous fut pris. Je contactais Etienne qui était aussi ravi que moi d’aller faire
un tour dans les entrailles de la terre (et oui, nous avions lu Jules Vernes).
Une semaine plus tard, pile à l’heure convenue, nous étions dans les jardins de la
Fontaine avec nos bottes sous le bras. Patrick Durepaire (c’était lui le spéléologue) nous
attendait pour nous guider dans la galerie de la fontaine.
Nous descendons un puits d’une dizaine de mètre par une échelle métallique fixe.
Nous ne sommes pas très rassurés : c’est la première fois que nous sommes dans un
réseau souterrain non aménagé.
Patrick nous explique le but de l’opération de pompage et quelques points de géologie et
d’hydrologie.
Il y a un de ces va et viens dans cette galerie Mazauric (il nous dit que le nom de cette
galerie a été donné en hommage à ce pionnier de la spéléologie).
La visite s’arrête en haut du premier siphon :le siphon 66 .Nous avons parcouru environ
80m. Pendant la visite nous avons été pris en photo (Ce sera ma première photo
souterraine).

Patrick Durepaire , Bernard Daudet , Etienne Maradène


Une fois dehors, nous lui demandons tous les renseignements pour rentrer dans cette
association. La réponse est très simple : avoir 15 ans, être munis d’une autorisation des
parents, avoir un certificat médical et se trouver un parrain (heureusement maintenant
il n’y a plus besoin d’avoir un parrain).
Munis de tous ces renseignements, nous sommes rentrés chez nous à fin de convaincre
nos parents de nous laisser faire de la spéléologie.
Pour moi, ce ne fut pas trop difficile, car mon grand-père connaissait bien un des
responsables de ce merveilleux club qu'est l'Association Spéléologique Nîmoise: JeanPierre Monteil. C'est lui qui allait me parrainer pour être admis par mis ces
spéléologues. Malgré cela, il fallait attendre le mois de Novembre pour prendre ma
première cotisation :
Trois mois, c’est long!!!

3:Mon Initiation 1968

Fin Octobre, par l'intermédiaire de mon grand-père, Jean-Pierre m'avait donné rendez-vous le premier vendredi du mois de Novembre, à 21h pour la réunion hebdomadaire du
club.
Que de monde, j'étais un peu intimidé devant tous ces spéléologues. Les membres du
bureau étaient assis derrière une table, et tous les autres assis en face d'eux. La réunion
pouvait commencer.
D'abord, il y avait le compte rendu des sorties de la semaine précédente, puis venaient
les informations de la Fédération et se terminait par les sorties à venir. Jean-Pierre a
demandé à deux spéléos qui avaient à peu près notre âge (Christian Roche dit ''Cow-boy'' et Christian Cadiére) de nous prendre en main et de nous faire faire notre
première grotte.
Le rendez-vous fut pris pour le dimanche matin devant le club à la Grand-rue.
Sur les conseils de Jean-Pierre, j'allais acheter une combinaison de toile, car la
spéléologie c'est salissant paraît-il. Pour le casque j'en ai trouvé un dans le matériel du
club (c’était un sous casque de l'armée) que j'ai gardé quelques temps. Pour l'éclairage,
Jean-Louis m'avait fourni une lampe frontale que j'ai fixée sur ce casque.
Le dimanche matin, nous étions en avance au rendez-vous, tellement nous étions
impatients de découvrir le monde souterrain. La grotte choisie était une cavité assez
facile: ''La Grotte du Furet''. Pour moi ce fut une révélation, car je ne connaissais de la
spéléologie que la galerie immense de la Fontaine. Là, l'entrée était de faible dimension,
nous étions obligés de ramper. Après cette reptation, une descente de trois mètres
conduit dans une galerie basse d'une dizaine de mètres de long, puis une autre galerie de
un mètre de hauteur environ qui mène à une salle: le point central de la cavité.
Cette première expérience fût décisive pour moi, j'avais attrapé le fameux
VIRUS SPELEOLOGIQUA
Mais les deux Christian, me disent que la spéléologie ne se limite pas qu'à la visite et
découverte de cavités déjà connues, mais qu'il y a aussi la plongée, les pompages et
surtout la désobstruction. Ils allaient avec d'autre membre du club me faire faire mes
premières armes dans cette discipline. C'est comme cela que je me suis retrouvé
(presque tous les jeudis car on n'allait pas à l'école ce jour-là) au Pont de la République
à sortir des tonnes de pierres et de terre.
C'était un véritable travail de romain.
Puis ils décidèrent de parfaire mon éducation spéléologique en m'initiant à la descente
et montée aux échelles. Pour cela, il n'y avait qu'un seul endroit: les falaises du Castellas
à Russan.




Une fois cela appris, je pouvais prétendre à faire mon premier aven.
Entre temps, il fallait bricoler le casque, car l'éclairage électrique n'est en général qu'un
éclairage de secours. Il fallait monter un éclairage à acétylène (il n'existait pas comme
aujourd’hui des kits tout prêt, nous étions obligé de tous fabriquer)
Pour cela je « volais » une louche à ma mère pour faire un réflecteur (elle l'a cherché
longtemps sans savoir que c'était moi qui l'avait prise), un morceau de tuyau de cuivre
que je fixais sur le casque et le tour était joué.
En guise de baudrier, nous utilisions un anneau de corde que nous mettions en huit et
dans lequel nous passions les jambes, plus un ceinturon. C'est tout ce que nous avions
comme sécurité
Le début de l'année 1968 fut pour moi essentiellement une année d'initiation à la
spéléologie. Une fois que j'ai été apte à me débrouiller tout seul, sous la surveillance de
mon parrain, j'ai pu faire mon premier aven et ma première descente aux échelles.
C’est dans l'aven du ''Puits Ferrié'' ou ''Aven de la Chèvre'' à Méjeanne le Clap que se
déroula cette expédition.
La doline d'entrée de l'aven est assez grande (20m environ). Les nombreux arbres qui y
poussent permettent d'installer une main courante. Je n'étais pas très rassuré lorsque
j'empoignais les premiers barreaux d'échelles. Mais au fur et à mesure de la descente, je
me rappelais tout ce qu'on m'avait appris et je prenais confiance en moi et en celui qui
me tenait avec la corde d'assurance.
Arrivé au milieu du puits, sur une vire assez spacieuse qui permet de se reposer à la
montée, dans une petite anfractuosité j'ai dérangé la locataire des lieux: une chouette. Je
ne sais pas qui a eu le plus peur: elle ou moi.
Enfin j'arrive au fond, j'atterris sur un grand éboulis dans la première grande salle. Au
fond de cette salle, Jean-Pierre me fit à moi et aux autres une leçon de géologie et de
minéralogie. Je voyais en réel, tout ce que j'avais pus voir dans des livres, des
concrétions classiques mais belles.
Par la suite, je me suis rendu compte, que cette cavité sert souvent de ''Trou
d'initiation'' car elle offre un bon compromis entre la difficulté, la sécurité et
l’esthétique.
.

4:Maintenant je suis spéléologue

Après cette initiation, je pus me joindre à des équipes pour faire divers travaux tels que
la désobstruction et l’exploration de nouvelles cavités.
Le 7 Avril 1968, une équipe, composée de Guy Nourrissat,Yves Cournier, Girard,
Bernard Humbert, Christian Cadière et moi-même, se forme pour explorer et faire de la
désobstruction dans l’aven de Mandre. A cette époque, il fallait obligatoirement qu’au
moins une personne reste en surface, pour assurer les autres. En général c’est le moins
expérimenté qui s’y colle, et cette fois-là c’était moi. J’avais quand même une grande
responsabilité, car il fallait que j’assure l’équipe tant à la descente qu’à la remonté.
Toute l’équipe est descendue au fond pour faire cette désobstruction. Après avoir pris
une bonne dose de gaz (CO2), tout le monde est remonté. Le résultat de ce travail est
pratiquement nul. Il faudra y retourner un jour où il y aura moins de gaz.
Puis les sorties se sont succédées, avec une moyenne d’une à deux par mois. Les «
expéditions » étaient entrecoupées par des sorties d’entraînement sur les falaises du
Castellas.
Au mois de mai, une petite équipe (Robert Garcia, Alain Bargeton, Etienne Maradène et
moi) se forme pour explorer l’aven de la Clastre.
Au mois de juin, nous allons faire de l’initiation dans l’aven d’Aimé Rigal, puis nous
descendrons le premier puits de l’aven des trois pigeons.
Le 8 septembre, avec Jacky Serody, Claudine Coste et Janine Nisole, je prends ma
première leçon de topographie souterraine dans la grotte de la Baumette (Sainte
Anastasie).
Enfin les 5&6 octobre, je participais à ma première grosse expédition : une plongée dans
le siphon terminal de l’aven de l’Agasse à Méjanne le Clap.
Il y avait beaucoup de monde : Reboul, Tronc, Cadière, Les trois Garcia, Bargeton,
Coste J.L ? Lacour, Véjus, Bour, Sérody, Malcles, Coste P., Maradène, Roche, Camus,
Bernieu et moi.
Le but principal de cette expédition était une plongée a -170m. Les deux plongeurs
(Bernieu et Camus) ont reconnu 30 mètres de galerie dont une vingtaine de mètres en
galerie exondée. L’autre but était l’exploration et la topographie des galeries Nord
situées à la côte -130m et des puits s’y raccordant. Le Chef de l’expédition (pour chaque
exploration, il y avait un chef d’expédition), Jean-Louis, m’avait désigné pour
accompagner les plongeurs jusqu’au siphon. J’étais fier de cette mission, car ce coup-ci,
je faisais partie de l’équipe de fond. Une fois le matériel des plongeurs rendu au bord du
siphon, j’assiste à leur équipement, et les aide du mieux que je pus. Une fois prêt : plouf,
les voilà parti.
Puis c’est l’attente. C’est long, il fait froid, je m’ennuie tout seul. Alors, je fais une chose
que je ne recommencerais pas de si tôt : je remonte sans assurance le puits de 90m pour
aller discuter avec Roger et Jeannine qui étaient resté au sommet du puits. Quelle
engueulade j’ai pris. Ils avaient raison, et c’est bien assuré que je suis allé rejoindre mon
poste pour attendre le retour des plongeurs.
Une fois leur plongée terminée, les deux plongeurs sont remontés en premier. Quant à
moi, il fallait que je participe au déséquipement de la cavité, ce qui fait que je suis sorti
dans les derniers.

Je remonte le P90 de l'Agas

Le denier puits, celui qui mène à l’air libre, je n’ai pas eu le temps de le déguster. Ils
avaient mis à l’assurance, deux gringalets (Marceau et son petit frère Pierrot) : à peine
avais-je attaché la corde d’assurance et mis les mains sur les premiers barreaux de
 
l’échelle que je me suis senti arraché du sol, et j’ai été extrait du puits (45m) sans touché
le moindre barreau avec les pieds.
C’est là que j’ai appris la mésaventure qui était arrivé à George Bernieu.
« Lorsque nous étions arrivés sur place, il avait laissé ses vêtements secs dans la voiture
de Jean-Louis, puis était descendu. Quand à Jean-Louis, ne voulant pas laisser son chien
divaguer dans la nature, il avait mis celui-ci dans la voiture. Lorsque George est ressorti,
il n’a pas pu se changer : le chien gardait la voiture de son maître. Malgré les supplique
qu’il pouvait dire au chien (mais Pyrrhus, tu me connais bien, je te donne souvent à
manger), Pyrrhus n’a rien voulu savoir jusqu’à la sortie de Jean-Louis. Il est à noter que
la température extérieure était fraîche et que notre ami Georges était mouillé. »
Le 20 Octobre, nous continuons la piste commencée une semaine
plus tôt, pour emmener le groupe électrogène, les tuyaux et le ventilateur au bord de
l'aven de Paulin, dans les garrigues Nîmoises. Pour explorer ce gouffre, qui est souvent
gazé (CO2), nous allons expérimenter un système de ventilation.
Les 1,2&3 Novembre, nous équipons le puits de 70m de tuyaux pour ventiler cet aven.
Les résultats sont satisfaisant au point de vue technique. Les descentes ont pus
s'effectuer sans encombre. L'exploration s'arrête à la deuxième étroiture, après avoir
franchi celle qu'avait passé Félix Mazauric.
Puis se succédèrent des sorties de désobstruction au<Pont de la République ».
L'aven du Pont de la République, est situé sur une propriété privée, à côté d'un mazet.
Chaque fois que nous venons y travailler, nous avons la visite du propriétaire des lieux,
qui habite celui-ci situé à environ 50m de l'aven.
Un jour, le voyant arriver, nous décidons de lui faire peur. Pour briser toute cette roche,
nous utilisons des explosifs, mais à petite dose (100gr à chaque tir). Au moment où il
arrive au bord de l'aven, il entend celui qui est au fond du trou nous crier: il y en a
marre de tous ces petits tirs. Ce coup-ci, nous allons employer les grands moyens.
Envoyez-moi la caisse d’explosif (il y en avait à peu près 5 Kg). Je vais faire un tir
scientifique, je vais tout mettre. A ce moment-là, nous avons vu le visage du propriétaire
pâlir. Il nous dit: vous n'allez pas mettre tout ça, déjà lorsque vous faites partir de
petites charges, ma maison tremble! Alors!!
Pour finir cette année (ma première) de spéléo, Roger, Janine et Alain m'emmenèrent
dans une grotte magnifique pour faire des photos: la grotte de Saint Marcel d'Ardèche
(elle n'était pas aménagée à cette époque). Lors de cette sortie organisée par Roger,
comme d'habitude nous nous sommes arrêtés chez le curé du village pour y prendre la
clef car la grotte est fermée, et pour coucher. Le soir, nous sortons faire un tour dans le
village, et nous remarquons que devant chaque porte, ou presque, il y avait des
bouteilles de lait vide :le matin, le laitier passait et remplaçait les bouteilles vides par des
pleines. Nous n'avons rien trouvé de mieux que de prendre toutes ces bouteilles et de les
mettre sur la place du village.





Je crois bien que Roger (qui était responsable de nous) a dû s'arracher les cheveux
lorsqu'il a vu ça avec le curé. Bien entendu, il a fallu tout remettre en place, et ça n'a
pas été facile. Je découvre, alors un autre aspect de la spéléologie: la photographie
souterraine. De plus c'était la première fois que je couchais sous terre. Après cette
première expérience, je ne manquais jamais une occasion de faire des clichés dans les
différentes grottes et aven que j'explorais.




1969
Cette année fût pour moi une année très riche, en exploration, recherche, coloration et
désobstruction.
Le « métier » rentrait. Je m'étais fondu dans un petit groupe (on nous appelait les canes
blanches, car nous portions tous des lunettes) qui faisait beaucoup de travail de
désobstruction. Notre terrain de jeu était les garrigues Nîmoises, car nos moyens de
locomotion étaient réduits aux mobylettes. Nous ne pouvions aller très loin, car lorsque
nous quittions le club, le poids de l'engin, plus le matériel étaient pratiquement le double
du pilote.
Les sorties s'enchainent les unes aux autres, grotte des deux jumelles à Collias, Baume
Latrône, Le Furet etc..
En Février, nous organisons une exposition à la galerie Jules Salle. Il fallait tenir des
permanences à tour de rôle. Le thème de cette exposition était la spéléologie en général
et plus particulièrement montrer tous les travaux que nous avions effectués sur le réseau
de la Fontaine de Nîmes.
Pour cette occasion, Emile Lacour, aidé de Jean-Louis Coste avait construit une
maquette animée qui représenté le réseau (cette maquette a disparu dans l'incendie de
notre local de la rue Fernand Pelloutier)
Quelque temps plus tard, une des explorations qui a marqué mes débuts spéléologiques,
c'est celle de l'Aven de la Forestière.
Le gérant de la grotte (elle était aménagée en partie), par l'intermédiaire de Roger, avait
contacté le club pour continuer l'exploration, car il était persuadé que la fin du réseau
était proche d'Orgnac 5.
Après avoir franchi la zone aménagée, nous commençons l'exploration. Elle ne durera
que quelques heures. Un peu de première sera réalisée (pour moi c(est nouveau), mais
nous n'avons pu confirmer les suppositions du gérant, car il a fallu sortir à cause du
CO2. Qu'est-ce qu'on a pris comme gaz!!
Le seul qui n'a pas été malade, c'est Roger: la veille, ayant « la crève », il avait pris de
l'aspirine en quantité astronomique (on peut dire qu'il était dopé).
A la sortie nous étions dans un état lamentable: sans parler du gaz, nous étions couvert
de boues. Le matériel avait triplé de poids, tellement il était enrobé de boue. Je n'avais
jamais vu un réseau aussi boueux.
En début d'année, je participe (pour la première foi) à équiper diverses sources et
résurgences du gardon de fluo capteur en vue d'une coloration dans l'aven de Paulin.
Cette coloration se fera le 28 Février
Du 1 au 8 Mars, nous effectuerons plusieurs sorties dans le gardon pour contrôler cette
coloration. Il faudra prélever tous les jours les fluo capteurs et chaque fois en remettre
des neufs.
La fluorescéine a commencé à ressortir le 5 Mars à l'exsurgence du Cougnet.
Vers la mi-mars, nous montons (sortie interclub: ASN/SEES) une expédition dans l'aven
des Cameliés. L'objectif: une chatière à -120m. Nous la franchissons, mais une autre
nous barre la route. Il faut utiliser les explosifs. Nous posons une charge creuse, et
Boum!! Le gaz nous empêchera d'aller voir le résultat de cette désobstruction.
La semaine suivante, nous y retournons, mais il est impossible d'atteindre les chatières:
elles sont sous l'eau à cause des fortes pluies de ces derniers jours. Mais ce n'est que
partie remise.
Avril et Mai arrivent avec les beaux jours. Je continue, toujours avec la même équipe, de
travailler sur les garrigues.
Désobstruction à la Villa Jeanne, d'une grotte vers le gour du Corbeau, d'un aven au
fond d'une doline, de l'aven du champ de tir.

Guy Nourissa
 
Grotte de Coubestrou




Nous faisons aussi de la prospection autour de la faille du Cougnet: résultat, repérage de
12 avens entre -10m et -15m de profondeur.
Les week-end suivant seront la continuation des désobstructions commencées dans
l'aven de Coubestrou 1 (les résultats ne seront vérifiés que plus tard, car nous avons fait
parler la poudre)
Nous faisons la topographie des avens de la diaclase, des avens de Conque et du
Fromage (falaise de Russan).
Je fais de la prospection dans la combe faisant face à celle de Paulin, puis j'effectue une
descente dans l'aven des Trois Pigeons (le premier puits) pour étudier les diverses
possibilités pour franchir la galerie inondée d'hydrocarbure.
En escalade, j'ai toujours été nul, c'est pourquoi lorsque certains grimpeurs du club, tel
que Christian Lafond, propose une initiation je suis un des premiers à m'y rendre. A ce
jour, je n'ai pas fait tellement de progrès dans cet art qu'est l'escalade.
Le 14 Juin, nous organisons un pompage dans la résurgence de Bord Nègre.
Nous avons trois objectifs à atteindre:
1) Pompage du siphon
2) Plongées dans les siphons terminaux
3) Coloration et exploration de ces siphons.
Emile Lacour arrive vers 11h30, avec Jean-Louis, Robert, Marc, François et Guilhem.
Ils installent tout le matériel.
Le pompage commence à 13h25, et à 14h le siphon d'entrée est vidé. A 15h, avec Guy et
Robert, je vais faire une pointe en vue d'équiper les diaclases. Au deuxième lac, tout est
noyé.
Pour passer ces obstacles, il faut se mouiller jusqu'à la poitrine.
Ce pompage, réalisé en 35mn, est un véritable succès. La coloration et les plongées ne
seront pas effectuées cette fois-ci. Nous y reviendrons.
La semaine suivante, je retourne à l'aven des Cameliés. La baignoire est vide, et plus bas
la boite aux lettres ne coule pas.
Malgré le dynamitage, elle ne passe pas. Nous changeons alors de cap, et allons
désobstrue rune galerie avec un grand courant d'air dans le réseau supérieur.
Courant Décembre, avec Pascal, Guy et Marceau nous allons faire la topographie de la
grotte de Saint Siffret. Après la topographie, puisque nous avons encore du temps
devant nous, nous commencerons la désobstruction de cette cavité.
1970
Il ne faut pas croire que je ne fais que de la topographie ou de la désobstruction, tant il
est vrai que c'est une grande partie de mes activités. Je fais aussi des explorations un peu
plus conséquentes.
Le 18 janvier, toujours en compagnie de la même équipe, nous allons explorer l'aven du
Rochas en Ardèche. A ce moment-là la traversée Rochas-----Midroï n'avait pas été
effectuée. L'aven est accessible par la route touristique des Gorges de l'Ardèche. Un
sentier s'amorce sur le chemin, allant de la maison forestière de la Madeleine aux ruines
de Gournier.
La cavité commence par un abri sous roche de 8 m.
Par une étroiture, on accède à une vaste salle concrétionnée et déclive. Un couloir incliné
à 60° conduit après une dizaine de mètres sur une plate-forme surplombant le premier
puits de 25m, au pied duquel s'amorce une galerie.
La descente du couloir se fait à l'aide d'une corde de 15m
Quelques mètres d'escalade et on se retrouve au sommet d'un puits de 30m. Au bas de ce
puits, nous descendons dans de l'argile très visqueuse. Juste avant d'atteindre le puits le
plus profond (70m), nous trouvons un piolet de montagne (qu’est-ce qu'il faisait là, nous
nous posons toujours la question), et un rouleau d'échelle d'électron. Bien entendu, nous
avons tout récupéré. Une fois ce dernier puits descendu nous sommes dans une salle aux
dimensions très vaste, et magnifiquement concrétionnée.
Ici, nous nous apercevons que ce n'est pas une cavité « morte »: tout est en pleine
activité (il y a même une bouteille sous une concrétion qui est en train de se recouvrir de
calcite).Au fond de cette salle, nous sommes arrêtés par un siphon. C'est la fin de notre
exploration.
Au mois de Février, je retourne, cette fois avec Pierre Lacroix et Robert Garcia à Saint
Maximin pour faire du dynamitage dans deux petits avens que nous avions découvert.
Sans résultat probant, nous les abandonnons.
Les 21&22 Février, nous allons explorer l’aven de l’Agasse en plusieurs équipes. Puis
nous équiperons le P 90, en vue d’une prochaine expédition plongée.
Le week-end suivant, nous revoilà sur le plateau de Saint Siffret. Nous allons explorer
l’aven du Soc.
Nous installons une ventilation (car il y a beaucoup de CO2) en vue de faire
l’exploration et la topographie de la cavité. Celle-ci est dangereuse, car malgré la purge
que nous avons faite avant de descendre, d’importantes chutes de pierres nous sont
tombées dessus.
A la mi-mars, avec Guy, Pascal et Marc, nous faire l’exploration du « Trou Fumant de
l’Olivier » jusqu’à la rivière. Tout se passe très bien, mais nous ne faisons pas attention à
l’heure. Aussi lorsque nous sortons il est déjà très tard (22h). Les téléphones portables
n’existaient pas.
Lorsque je suis rentré à la maison, mes parents m’apprirent que le père de Pascal, ne
voyant pas son fils rentrer, était venu à la maison accompagné de mon oncle (ils
travaillaient ensemble), pour avoir des nouvelles. Mes parents qui étaient plus habitués
le rassurèrent.

Expédition Grands Causses 1970

Je ne me rappelle plus qui a eu cette idée, mais elle devait germer dans sa tête depuis pas
mal de temps: pourquoi ne pas aller faire de la spéléologie ailleurs que dans nos
garrigues.
Après mures réflexions, il fut décidé que ce serait sur les grands causses, dans les pas de
Martel et de De Joly. Les dates: les vacances de Pâques, du 22 au 29 Mars 1970.
L'expédition était lancée :C’était vraiment une expédition.
Les participants à cette aventure hors de nos frontières (départementales) étaient au
nombre de sept(comme les mercenaires): Jean Mahieu, Henri Bouchette, Christian
Roche(dit « Cow-Boy »), René Malclès, Christian Cadière, Bernard Humbert et moimême.
Enfin nous allions connaître d'autres paysages souterrain.



Nous avions fait toute une
liste des cavités que nous voulions explorer en commençant par le Causse du Larzac
jusqu'au Causse Noir: La grotte de Matharel, la grotte de la Cabane, l'Aven de la
Bresse, l'aven du Valat Nègre, l'aven de Combe Longues, l'aven Noir, la visite des gorges
du Tarn et l'aven de Hures.
Pour moi, c'est la première fois, que je pars comme cela faire de la spéléologie pendant
une semaine. Je n'avais pas encore 18ans, et il avait fallu l'accord de mes parents.
Enfin le grand jour du départ est arrivé. Tout était prêt. Les voitures étaient chargées à
mort: il y avait du matériel dans le moindre recoin, et même sur les galeries.
Nous avions tout prévu pour camper, mais autant que je m'en souvienne nous ne
déplieront ce matériel qu'une ou deux fois. Presque tous les jours, nous arrivions à
trouver une grange pour coucher. Heureusement car nous n'étions pas en période
chaude(un matin nous avons trouvé les voitures couvertes de neige).
Le 22 Mars nous commençons par une petite grotte, la grotte de Matharel, grotte qui ne
m'a laissé aucun souvenir précis. Le lendemain, nous allons explorer la grotte de la
Cabane. C'est la première fois que je vais utiliser un canot sous terre. Je ne suis pas bien
rassuré, mais tout se passe bien, car j'étais bien encadré.
Que de premières ont fait mes pieds!!
Etant le plus petit et le plus mince, chaque fois que nous pénétrions dans une nouvelle
cavité, ou sur la topographie il y avait un point d’interrogation (fissure étroite, chatière
très étroite, etc.) mes « Camarades de jeu » essayaient de faire passer les pieds en avant,
pour forcer ces passages.
Pour en ressortir, de ces endroits infâmes, ils s'y prenaient à deux ou trois pour me tirer
par les bras.
J'ai bien amélioré la profondeur de certaines cavités de quelques mètres, mais je n'ai
jamais vu ce qu'il y avait après, en dessous de mes pieds: j'avais oublié de mettre une
caméra sous mes bottes.
Après la grotte de la Cabane, nous allons faire l'aven de la Bresse.
C'est là, que nous avons campé pour la première fois, car nous n'avions pas trouvé de
grange. Le campement était installé dans un champ, en contrebas de la route.
Le lendemain, notre réveil a été un peu spécial. Nous étions encore en grande léthargie,
lorsque nos tentes commencèrent à bouger anormalement. Que se passe-t-il?
Nous sortons des tentes, et nous trouvons nez à nez avec les gendarmes. Nous avons
enfin l'explication. En passant sur la route, ils virent notre campement. Voulant savoir à
qui ils avaient à faire (car ce n'était pas courant à cette époque de l'année de camper), ils
sont venus nous contrôler. Il faut dire qu'à ce moment-là les premières manifestations
contre l'extension du camp du Larzac commençaient.
Finalement, tout s'est très bien passé, car les spéléologues avaient une bonne côte à ce
moment-là.
Une fois les gendarmes partis, nous allons faire l'aven de la Bresse.




Parmi toutes les cavités que nous avons explorées, il y en à une dont je me souviens
particulièrement : c’est l’aven du Valat Nègre. Au fond de la cavité, beaucoup de
concrétions et Jean, notre photographe fait pas mal de cliché du groupe. Puis il décida
de faire des photos où nous serions deux par deux. Moi je suis tombé avec lui : si à ce
moment –là on nous avait dit que 4 ans plus tard nous serions beau-frère, je ne l’aurai
jamais cru.






Puisque nous étions dans le coin, nous allons visiter les caves de Roquefort. Lors de cette
visite, la guide commence à nous parler de la formation des grottes, de la géologie, etc..
Nous la laissons parler un moment, puis nous lui avouons que nous sommes des spéléos
et que ce qu’elle raconte, nous le savons déjà. Du coup, elle ne nous parle plus, jusqu’à
ce que l’on arrive sur le lieu où le fromage est fabriqué : là, elle nous dit, maintenant, je
suis sûre que ce que je vais vous raconter, vous ne le savez pas.
A la sortie, nous achetons une tome de roquefort, puis nous sommes allés la déguster sur
une place de Millau. Avant de casser la croûte, nous décidons d’aller acheter des gâteaux
pour le dessert. Nous ne trouvons rien de mieux que d’aller dans une pâtisserie/Salon de
thé : imaginer la tête des clients lorsqu’ils ont vu débarquer sept personnages (qui
n’avaient pas vu une douche depuis quelques jours) dans ce salon.
La dernière exploration nous emmène sur le Causse Méjean, dans l’aven de Hures
Comme il faisait froid, nous avons commencé par chercher un lieu pour dormir. C’est
ainsi que nous nous sommes retrouvés dans un petit village à quelque km de Hures :
Drigas. Nous allons demander une grange à un paysan du coin. Il nous fait rentrer chez
lui : c’est vraiment une ferme caussenarde authentique. La pièce où nous rentrons sert
de tout (cuisine, salle à manger). Elle est éclairée par une seule lampe au-dessus de la
table et par la cheminée qui brûlait au fond de la pièce Au plafond pendaient toutes les
cochonnailles. Le petit siège à côté de la cheminée avait dû en voir des fesses tellement il
était usé. Après une bonne discussion, plus quelques verres de vin, il consenti à nous
prêter une grange où nous serions mieux que dehors, malgré les courants d’air.
Le lendemain, c’est la descente dans l’aven de Hures, puis retour sur Nîmes.
Le 12 Avril, nous continuons (Pierre, Pascal et moi) à faire de la prospection sur Saint
Maximin et au Camp del Fray (du côté d’Anduze).
C’est là que nous découvrons une petite grotte que nous baptiserons le L.D.B. (Lacroix,
Daudet, Bouyé). Cette cavité s’ouvre au bord de la route. Comme je suis le plus mince
des trois, c’est à moi à pénétrer le premier dans cette grotte. C’est vraiment très étroit. Il
est impossible de se mettre debout ni accroupi. Il faut ramper. J’avais fait à peine une 18
dizaine de mètres, lorsque j’entendis un bruit sourd et inquiétant. Je m’attendais à me
trouver face à face avec une bête genre renard ou putois. Malgré ma peur, je continuais
à avancer. Je fis environ cinquante mètres, puis ce fut le terminus. A part une
magnifique fistuleuse la grotte était terminée. Non sans mal, je réussis à faire un demitour et retournais vers la sortie. Comme la cavité était assez étroite, je m’y étais engagé
avec pas grand-chose sur le dos. De ce fait en sortant, mes « amis » constatèrent que je
m’étais un peu égratigné. Et, ne voulant que mon bien, ils me frictionnèrent avec : de
l’alcool. Je ne vous dis que ça !!! Merci les amis.
Une fois dehors, je racontais à mes amis mon aventure et la peur que j’avais eue. C’est
alors que Pierre me montre au-dessus de nous la voie de chemin de fer. Il m’explique
qu’à peine suis-je rentré dans la grotte, un train venait de passer (c’était ça le bruit que
j’avais entendu).
Depuis ce moment-là je n’ai plus peur dans les étroitures jusqu’au de janvier 2006 (c’est
une autre histoire que je conterais plus loin).
Les 2&3 Mai, avec Guy et Pascal nous allons explorer l’aven des auglanets, puis avec les
frères Lacroix et Guilhem nous irons dans les garrigues de l’Uzège pour faire de la
prospection.
S’en suivent de la désobstruction et du dynamitage et topographie dans l’aven de Saint
Siffret. Prospection au-dessus de Bord Nègre.
Le 13, avec Gilbert, Yves et Gérard nous allons voir l’aven de Camplonet (Anduze) :
encore une cavité malheureusement considérée comme vide-ordures.
Le 16, avec Pascal et Pierre nous allons explorer et topographier l’aven du trou fumant
de Larnac.

Ma première semaine sous terre

Au mois d'aout, nous sommes invités à l'exploration de l'aven de Jean Nouveau dans le
Vaucluse.
Nous sommes cinq du club: Jean-Louis Coste, François Aubert, Pascal Bouyé, Robert
Garcia et moi.
Il n'y a qu'une voiture pour tous: celle de Jean-Louis. Il n'y a qu'une solution: le
matériel ira dans la voiture ainsi que Robert car il n'a pas d 'autre moyen de
locomotion. Quant à nous (François, Pascal et moi),nous irons en mobylette(150km).
C'est l'aventure. Nous ne sommes jamais allés aussi loin en mobylette. A la sortie de
Carpentras, nous voyons un couple de personnes âgées assis sur le pas de leur porte.
Nous nous arrêtons pour leur demander le chemin des gorges de la Nesque. Voyant
notre jeunesse, ils veulent pratiquement nous héberger pour la nuit: « la route est
dangereuse, demain dans la journée ce sera meilleur ». Mais nous insistons et leur disons
qu'on nous attendait à Sault, et qu'une voiture allait passer et sûrement nous rattraper.
Une fois dans les gorges, la nuit étant tombée, nous grimpons tranquillement, lorsqu'à la
sortie d'un virage deux yeux nous regardent fixement: c'était un grand-duc qui était au
milieu de la route.(Jean-Louis et Robert l'ont vu au même endroit)
Après une bonne nuit, on nous communique le programme des réjouissances:
équipement de la cavité jusqu'à -400m, topographie de plusieurs départs de galerie,
dynamitage et déblaiement de plusieurs endroits.
La descente du grand puits de 167m se fait au treuil électrique. Chacun à notre tour
nous prenons place dans le siège -harnais. De chaque côté et dessous le siège on nous
accroche de gros container en forme d'obus qui contiennent tout le matériel, couchage et
ravitaillement dont nous allons avoir besoin. Car nous ne partions pas pour quelques
heures, mais pour une semaine environ.
 
Lorsqu’arrive mon tour, Mr Auger (le propriétaire du treuil) me tient ces propos
« C'est la première fois que tu viens, alors je vais te descendre doucement pour que tu
puisses apprécier ce puits ». Heureusement qu'il m'a dit ça, parce qu’à la vitesse ou je
suis descendu!!!(3mn environ)
Une fois au bas de ce puits, en attendant que toute l'équipe soit réunie, nous allons nous
planquer dans un coin, car gare aux chutes éventuelle de pierre.
Mais ce ne fut pas une chute de pierre qui eut lieu, mais un container qui s'est décroché
juste au départ du puits. Une bombe nous est arrivée au fond. C'était un container de
ravitaillement. Quel carnage! Il y avait de la bouffe de partout(les petits pois mélangés
au chocolat, on aurait dit du « Picasso ».
Pour la première journée, nous installons le camp dans la « La Salle de la Rotonde ».
Puis nous faisons une petite reconnaissance jusqu'au prochain puits que nous équipons.
Le lendemain nous avons commencé le travail qui nous était imparti: premièrement
dynamiter un passage étroit en vue des futures explorations. Il n'y avait pas de problème
pour le gaz, avec le courant d'air qu'il y avait. Une fois ce petit travail de fait, nous
prenons tout le matériel, ainsi que du ravitaillement et nous partons équiper la cavité
jusqu'à la « Salle de la Lauze ». Nous sommes à -400m, c'est la première fois que je
descends aussi profond sous terre. Nous installons les échelles et la corde dans le puits de
l'araignée qui mène à la « Salle de la Lune » 70m plus bas. Mais nous n'y descendrons
pas, car c'est là que s'arrête notre travail d'équipement. Nous décidons de nous prendre
une pause, et de casser la croûte à cet endroit. Mais lorsqu'on levé la tête et qu'on a vu
de méchantes lauzes qui ne demandaient qu'à tomber, nous avons fait demi-tour illico.
Le casse -croûte se fera au camp.
La remontée fut assez difficile, nous avions bien grignoté un peu, mais nous n'avions pas
fait un repas. Lorsque nous sommes arrivés au camp, ça faisait 36h que nous étions
debout. Une deuxième équipe était installée au camp. Il fallut les réveiller, et même
pour qu'ils partent plus vite nous leur avons préparé le petit déjeuner.
Une fois qu'ils furent partis, nous avons plongé dans nos duvets pour un sommeil bien
mérité. Et ce n'est que 18h plus tard que le téléphone de surface nous réveilla.
Nous avons continué à faire le travail qui nous était imparti (nettoyer certaines galeries,
topographie de nouveaux réseaux).
Le samedi suivant, après avoir passé près d'une semaine sous terre, nous revoilà au pied
du grand puits. La remontée s'est faite en 5mn environ, et pendant tout ce temps, Mr
Auger discutait avec nous: il avait installé toute une série de haut parleur dans le puits.
Ce fut , pour moi une grande expérience. Je n'avais jamais passé autant de temps sous
terre. On ne s'en rend pas compte, car on perd vite la notion du temps: on ne sais plus si
c'est midi ou minuit. On mange lorsqu'on a faim, on se couche lorsqu'on a sommeil.
Comme le dit si bien Michel Siffre, notre horloge biologique change.
Puis le dimanche, il fallut reprendre nos mobylette pour rentrer sur Nîmes.
1970, aura été pour moi une année déterminante pour ma vocation spéléologique. Je fus
de toutes les grandes sorties et explorations organisées par le club. J’ai participé à de
nombreuses topographies et effectuée beaucoup de désobstruction. 

Pompage Fontaine de Nîmes1970



Du 1 au 21 Septembre, j’allais pour la première fois participer à une grande aventure :
celle qui m’avait donné ce virus, le pompage de la Fontaine de Nîmes. Cette fois je ne
serais pas un simple spectateur, je serais un acteur.
Quelques temps avant, Jean-Louis nous avait donné des cours d’électricité, à fin que
nous puissions nous débrouiller en cas de panne d’une pompe. Il nous avait fait faire des
branchements, démonter des pompes (au point de vue électrique), etc.
Lorsque l’expédition a commencé, nous étions tous au point.
Le premier Septembre, au matin, nous commençons par emmener une grande partie de
notre matériel stocké dans nos locaux. Pendant trois jours, ce fut une ronde incessante
de véhicules lourds et légers, déchargeant çà et là, le matériel dans l’enceinte qui nous
était réservée.
Nous étions protégés du public par des barrières métalliques, ainsi que par un arrêté
municipal interdisant à toute personne d’entrer sur le site.
Le central électrique fût installé dès le premier jour, ce qui allait nous permettre de
travailler la nuit à la lueur des projecteurs.
Pour des raisons de sécurité, il était interdit à toutes personnes de manipuler des
conducteurs et des appareils sous tension. Il va de soi, que manipuler des câbles de 380
volts dans les galeries humides, où circule de l’eau, la plus part du temps dans la boue,
cela demande certaines observations ainsi que d’énormes précautions. Car une erreur
d’isolement pourrait être fatale à l’un d’entre nous. Néanmoins, l’utilisation du 24 volts
(courant dit de sécurité) était impossible, car nous utilisons de trop grandes puissances
et cela aurait entraîné l’utilisation de conducteurs de trop grosses sections.
Tous les différents services étaient reliés par téléphone à un standard de vingt directions
installé dans la tente PC électrique.
La vasque est éclairée par deux projecteurs. Dans toutes les tentes (réception, infirmerie,
public), une installation électrique est prévue. Un atelier de surface avec tout l’outillage
(poste de soudure électrique, autogène, perceuses, etc.) est aménagé.

Roger Véjus
Un laboratoire
photo est installé (dans le fourgon de Roger Reboul) sur le chantier, ainsi qu’un
compresseur d’air haute pression pour gonfler les bouteilles des plongeurs.
La préparation de ce pompage avait commencé quelques mois plus tôt. Il
fallait qu’au jour J, tout soit prêt : hommes et matériel.
C’est pour cela, que Jean-Louis nous avait donné des cours d’électricité. Il fallait que
nous puissions nous débrouiller en cas de panne d’une pompe. Il fallait faire des
branchements, démonter les pompes (au point de vue électricité), voir les différentes
pannes que nous pourrions avoir, etc..
Lorsque le jour J arriva, tout le monde était au point.
NEMAUSA V pouvait commencer
Le premier Septembre au matin, nous commençons par emmener une grande partie de
notre matériel stocké dans nos différends locaux. Pendant trois jours, ce fut une ronde
incessante de véhicules lourds et légers, déchargeant çà et là le matériel dans l’enceinte
qui nous était réservée.






Lorsque tout le matériel fut sur place, que le camp fut monté, l’expédition Némausa
pouvait commencer.
Pour ce nouveau pompage, notre éminence grise (le « Professeur-Ingénieur » Emile
Lacour) avait mis au point un système de télévision en circuit fermé.
Avec une table de mixage qu’il avait conçu, nous pouvions filmer à l’intérieur des
galeries et les spectateurs pouvaient voir en direct sur un écran de télévision les
différentes phases du pompage.
 
Emile Lacour

Pendant deux jours, nous travaillons sans incidents. Le niveau baisse progressivement et
petit à petit la galerie nous apparaît.



Une fois le siphon 66, et dès que le niveau de l’eau le permet, nous envisageons la mise en
place d’une deuxième station de pompage.
Une fois le siphon 66 asséché, en partie, nous projetons l'installation de la troisième
station au siphon 67. C'est dur de porter ces pompes, car elles sont très lourdes. Mais
malgré toutes ces difficultés nous y arrivons. Le siphon baisse lentement, et au fil des
heures, nos difficultés vont en croissant. Ce siphon est très long. Le fond est plat, et ça
nous oblige à pousser toujours plus en avant les pompes. Il faut rallonger les câbles
électriques ainsi que les tuyaux rigides de refoulement.
La galerie qui apparaît n'est plus qu'enchevêtrement de tuyaux de câbles électriques et
de cordes d'amarrages.
Puis nous entendirent le bruit caractéristique du siphon qui se désamorce. Une grande
joie nous envahie.
Une fois que le niveau le permet, nous mettons les premiers canots à l'eau, et nous
franchissons le passage du « Capou ».
Une équipe part reconnaître le siphon de la galerie Nord.
L'expédition dure depuis douze jours, la fatigue commence à se faire sentir, car cette
année il a fallu sortir le double du débit (72000m3) des opérations précédentes.
De plus le temps commence à se gâter et nous venons de subir quelques précipitations de
faibles importances. 20
Nous gardons le moral, et décidons de pomper la galerie nord, ce qui avait été le but fixé
pour cette opération « Némausa V »
Nous retirons une ligne électrique pour l'éclairage, ainsi qu'une ligne force motrice pour
l'alimentation de la pompe que nous allons mettre en place. Nous installons la station
150m à l'intérieur de la galerie. Nous prenons alors la pompe flottante qui était au
siphon 67 et l'emmenons dans le siphon Nord. Le pompage pouvait commencer.
Pendant ce temps, les plongeurs vont reconnaître le siphon, et à leur retour, ils nous
apprennent qu'ils sont ressortis à l'air libre 150m plus loin.
Pour désamorcer ce siphon, il a fallut 20h de pompage. La première équipe reconnaîtra
200m de cette galerie jusque là inexplorée.
Pendant cette exploration, il fallait naturellement maintenir les pompes du siphon 67 en
action en permanence car l'eau avait vite fait de remonter. C’est à ce moment là, que
notre cher ami Emile décide d'aller voir cette galerie Nord. Il nous avait dit qu'il en
avait pas pour longtemps. Une fois qu'il a été derrière le « Capou », nous avons arrêté
les pompes du 67. Il y avait le téléphone qui fonctionnait très bien. Lorsqu'il a voulu
revenir: impossible çà siphonnait de nouveau. Celui qui était au téléphone en surface
doit avoir encore les oreilles qui lui font mal. De notre côté, nous lui disions que nous
étions en panne, qu'on attendait Jean-Louis etc..
L'histoire a bien duré 20minutes. Puis nous avons finalement remis les pompes en route.
Quel savon il nous a passé!!
Après ce petit intermède, nous avions découvert une petite galerie située à 150 du départ
du siphon. Elle est parcourue
sur une vingtaine de mètres et là, de nouveau un siphon nous arrête. Nous décidons de le
pomper.
Après de grandes difficultés dues au raccord de refoulement des tuyaux, le nouveau
pompage commence.
La pompe est posée à même le sol, qui est constitué de sable. Notre surprise fût énorme
lorsque l'équipe de surveillance nous apprend au téléphone que la pompe avait presque
disparu: elle s'enlisait.
Une équipe de sauvetage est envoyée sur place pour la sortir. C’est avec regret que nous
stoppons là ce pompage. Une fois rendu en surface, nous constatons que le moteur est
grillé.
Ce jour-là, nous subissons de fortes précipitations, ce qui nous rend soucieux pour la
suite du pompage.
Pendant toute cette opération Némausa, une équipe des « Coulisses de l'exploit » de
l'ORTF, filma l'expédition. Il nous a fallu les assister techniquement pour les éclairages.
Le film est gardé précieusement dans les archives du club.



Construction de la « Baraque »(La Boissière)

C’est en 1971, qu’une idée germe dans l’esprit de personnes que je connais très
bien (Jean-Pierre Monteil et Jean-Louis Coste) : faire une école de spéléologie.
Pour cela, il faut un lieu d’accueil. Ils apprennent que la « Jeunesse et sport » ont
l’intention de démolir l’école de voile du Grau du Roi.
Après discussion et pourparlers nous avons la baraque, mais il reste deux points
importants : la démonter et la reconstruire. Mais Où ?
Suite à de longues démarches, nous trouvons un terrain à louer à Saint Maximin, près
d’Uzès.
C’est le 1 Mai 1971 que l’ASN débarque au Grau du Roi (sans moi) pour démonter
cette baraque.
La chose étant faite, voici la baraque en pièce détachée sur le terrain de la Boissière.
Reste à la remonter : plus facile à dire qu’à faire. Les mois passent et ce n’est qu’au
printemps 1972 que nous passons à l’action. Une dalle de 7m sur 7 est coulée. Celle-ci
aura le temps de sécher car ce ne sera que dans l’hiver 72/73 que nous commencerons le
remontage sous la direction de Jack Geynet et de François Aubert.
Nous commençons à assembler les différents panneaux, mais hélas, les forts coups de
mistral annulent tout notre travail. I l faut recommencer.
Comme nous avons pris pas mal de retard, et que nous sommes poussé par la Jeunesse
et Sport, nous décidons de travailler de nuit en semaine jusqu’à la finition de cette
baraque. Emile nous mène le groupe électrogène et le mât d’éclairage.
En ce mois de Juillet, pas mal de monde est encore sur Nîmes, mais il y a très peu de
courageux le soir.
Malgré ça, la reconstruction est édifiée par une bande d’énergumène bizarre, qui après
leur journée de travail, viennent encore passer quelques heures à clouer, sceller, scier,
transporter et rigoler, car l’ambiance ne sera jamais macabre, loin de là.
Mais il ne faut pas croire que nous nous retrouvions toute une compagnie tous les soirs.
Je citerais : Jean-Pierre Monteil (l’intellectuel et sa tronçonneuse) et Josiane ; Roland
Pellequer (dit le monte-charge, où prête-moi tes épaules que je sois plus grand) ; JeanLouis Artru (petit singe, toujours en équilibre sur des panneaux branlants) ; François
Aubert ; Michel Dard et moi-même.
Je ne vais pas m’attarder sur tous les problèmes de construction que nous avons
surmontés.
Enfin, ceux qui n’ont pas participés, ne savent pas ce qu’ils ont raté, et c’est dommage,
car je peux vous assurer qu’après les journées de canicule de Juillet, c’était un réel
plaisir que de passer quelques heures sur le terrain.
Tout cela représente quand même une vingtaine de soirées, près de 1500km en voiture,
plus de 100 litres de gas-oil pour « Gégène », une 404 Peugeot à François, 160 repas plus
quelques litres de vin pour le moral : il ne fût jamais bas.
Une fois le gros œuvre terminé, les travaux continuent : construction d’un demi-étage
afin de pouvoir y dormir, d’une cheminée. Puis construction d’une cuisine attenante qui
demande encore beaucoup d’effort.
Puis ce fût l’ouverture de l’EGS, enfin.
Ce ne sera qu’en 1977 que l’ASN décide de devenir propriétaire du terrain
Nous ferons ensuite beaucoup de fête sur ce terrain que nous nommons « LA
BOISSIERE »

Rogues

L’aven de Rogues est situé sur le Causse de Blandas, juste en face du village qui porte le
même nom.
Il y a eu 7 campagnes d’explorations de 1971 à 1974
J’ai participé à presque toutes les explorations.
La première campagne
le 24&25 Avril 1971. Je suis dans la première équipe avec Patrick, François et Albert.
Nous finissons d’équiper les puits jusqu’à la « Salle à manger ». Puis nous partons
explorer systématiquement la « Salle Sud ». C’est là que se produit le premier
« incident » de Rogues : Patrick fait une chute et se blesse légèrement à une main et à la
hanche. Je continu avec Albert, de prospecter les éboulis de la salle et découvre une
galerie d’environ 60m, aboutissant sur une voute mouillante. Puis avec l’équipe, nous
continuons l’exploration dans le réseau des puits conduisant au siphon terminal (réseau
d). Faute de matériel nous devons remonter.
Le 30 Avril, 1&2 Mai : Jean Pey, ayant fait l’acquisition d’une caméra 16mm, a décidé
de faire un bout de film sur l’aven de Rogues. Ce n’est pas une mince affaire, car il nous
faut beaucoup d’éclairage. Il n’y a qu’une solution : il faut monter le groupe électrogène
sur le Causse. C’est avec la 4l d’André que nous y arriverons, non sans mal, car tirer un
groupe de 600kg dans une côte avoisinant les 12%, il faut le faire.
Arrivé sur place nous ne filmerons qu’une séquence dans l’étroiture du deuxième puits.
La semaine suivante, cette fois-ci je fais partie de la seconde équipe avec François et
Albert. Le but, c’est le bout de la galerie de la découverte. Sur la topo du SCM, un fond
d’aven est signalé. Celui-ci est constitué par une trémie instable. Un passage est
découvert entre quelques gros blocs. Nous explorons une galerie, un méandre étroit et
arrêt sur un puits de 10m. Retours au fond d’aven, où François, après une escalade
remarquable de 10m, avec un surplomb, débouche sur une plate-forme d’où partent
plusieurs galeries. Albert le rejoint. Je reste au bas de la remontée car je ne sens pas
capable de grimper en libre. Ils vont faire plus de 200m de première. Arrivées à une
série de gours, ils décident de faire demi-tour en laissant de côté 5 galeries et 2 puits.
Cette remontée s’appellera la « Remontée du Père François »
Le week-end suivant, je vais avec Jean et Michel faire la topographie de la « Salle Sud »
jusqu’au départ du grand collecteur.
La semaine suivante, il n’y aura qu’une seule équipe qui descendra pour faire la
topographie du nouveau réseau amont. Elle est composée d’André, Christian, Alain,
François et moi
Pour cette première campagne, j’aurai passé environ 50heures sous terre.
Deuxième campagne
Au mois d’Août, avec Patrick, Marc et François, je vais faire la topographie d’un aven
découvert et exploré la semaine précédente : l’aven Durand
Une semaine plus tard, nous voici de nouveau à pieds d’œuvre. Trois équipes sont
constituées, mais nous nous retrouvons bloqués au méandre à -100m.Enfin nous
arrivons à la Salle à manger : nouvelle restructuration des équipes. Je me retrouve dans
celle qui doit aller voir la Trémie suspendue de la Salle Sud. Nous allons frôler la
catastrophe : celle-ci s’est mise en mouvement, alors que Marc se trouve engagé dans les
blocs. Il a juste le temps d’éviter la chute d’un bloc (depuis on l’appelle la puce obèse).
Nous décidons alors de quitter ce secteur trop dangereux.
Un mois plus tard nous revoici. Nous constituons deux équipes. Avec François et Marc,
je vais installer une tyrolienne sur le premier lac :elle est constituée de fils clair amarrés
aux rochers par des spits. Les canots que nous utilisions pour traverser le lac ne seront
plus utiles et nous perdrons moins de temps pour les futures explorations.
Quinze jours plus tard, nous décidons de clôturer cette deuxième campagne. J’effectue
une dernière descente avec Bernard Humbert pour rejoindre l’équipe topo (Robert et
Jean), puis nous nous chargeons de déséquiper la cavité.
Total passé sous terre pour cette deuxième campagne : environ 23h.
Pendant les deux campagnes précédentes, nous avions l’habitude d’aller manger au
restaurant de Montdardier.C’était très bon et à des prix raisonnables. Jusqu’au jour (à
la fin de la première campagne) où lorsque le patron nous donne l’addition nous voyons
une grosse augmentation. Nous pensons : c’est le début de saison, il faut qu’il travaille.
Nous ne disons rien. A la fin de la seconde campagne, les prix n’avaient pas baissés
contrairement aux portions. C’en était trop. A la fin du dernier repas, nous allons nous
rattraper : que de bouteilles de vin, de pélardons sont passés par la fenêtre et récupérés
par les collègues sortis à cet effet.
Dorénavant, il fallait trouver un autre restaurant dans le coin. Nos pas nous conduisent
à Blandas où nous trouvons un accueil merveilleux. La cuisine familiale était sublime et
à des prix compétitifs.
Nous faisons de ce restaurant notre pont de ralliement. Lorsque nous décidons de faire
de nouvelles expéditions, nous prévenons de notre arrivée. Souvent nous commandions
pour dix et nous arrivions à quinze. Alors là ce n’était pas la joie. Nous nous faisions
enguirlander par la patronne « Mais qu’est-ce que je vais vous faire manger ? Je n’avais
prévu que pour dix. Tant pis vous mangerez ce qu’il y a ».
Finalement, elle nous amenait tellement à manger, que si nous ne finissions pas tout, on
se faisait « engueuler »
Dans ce restaurant, il y avait deux sœurs, qu’on voyait rarement (Geneviève et
Elisabeth) : en 1974, l’une (Elisabeth) est devenue ma femme et l’autre (Geneviève) a
épousé Jean Mahieu.
Comme quoi, la spéléologie mène à tout, même au mariage de deux copains qui
deviennent beau-frère.
Troisième campagne 1972
Les équipes ne changent guère. Je me retrouve avec Jean, François et Jean-Pierre. Nous
devons équiper les puits et reconnaître de petites galeries qui partent de la salle à
manger (-120m) et de la salle sud : ce ne sont que de minuscules galeries sans
importance pour la suite du réseau.
En février, avec Xavier, Alain et François nous allons explorer le puits à la base de la
première salle du réseau des Nîmois. Nous nous arrêterons sur un deuxième puits par
manque de matériel.
La semaine suivante, nous devions aller explorer le puits que nous avions laissé la
semaine précédente. Mais je ne peux pas être tout le temps en forme : arrivé au camp 2,
je m’arrête car je suis malade et laisse partir le restant de l’équipe pour effectuer
l’exploration programmée. Avec Michel je ressors.
Rogues est terminé pour moi cette année ;
Quatrième campagne 1973
Nous sommes en janvier et nous allons recommencer nos travaux sur Rogues. La
première équipe qui descend est souvent la plus ingrate : elle doit équiper la cavité.
Cette fois-ci j’en fais encore parti.
Quinze jours plus tard, avec François Aubert et Jacky Azéma, nous allons voir une
remontée au-dessus du grand puits. François fait l’escalade en libre (comme d’habitude)
sur 40m, mais ne signale aucun départ. Il y aurait peut-être une possibilité de sortie vers
la surface.
Une semaine plus tard, avec les frères Lidon et Jacky, je descends jusqu’à la salle à
manger pour récupérer des explosifs que nous avions laissé. Nous devons agrandir le
méandre de -100. Une fois Lidon et son frère remonté, nous procédons avec Jacky au
dynamitage. Nous disposons les charges de chaque côté de la paroi, puis installons les
détonateurs, la ligne de tir et nous nous éloignons. Puis ……..rien. Nous allons voir ce
qui se passe et constatons que les détonateurs étaient défectueux. Nous recommencerons
une prochaine fois avec des détonateurs neufs.
Trois semaines plus tard, me revoici .Avec André, Michel et un autre spéléo, nous allons
réparer les tyroliennes des deux lacs. Les fils étaient fixés sur des plaquettes alu, et l’une
d’elle avait été cisaillée par les frottements. Nous les changeons par des plaquettes aciers.
Sur le retour nous faisons quelques photos.
Cinquième campagne
Au mois de mai nous voici de nouveau sur place. L’équipement se fera collectivement
ASN /GSUM. Cette fois je ne descendrai pas pour cet équipement, je ferai part de
l’équipe de surface.
Quinze jours plus tard, avec André, Patrick, Jean-Louis et Christian, nous allons
topographier la première parti du grand collecteur.
Sixième campagne
En septembre ce sera la seule sortie que je ferai à Rogues.
Avec François, Bernard, Patrick, Robert et moi nous équipons les puits. Nous allons voir
la trémie que nous avions dynamitée lors de la dernière campagne : son franchissement
est toujours impossible. I l faut prévoir d’autres tirs.
Septième et dernière campagne 1974
Nous sommes au mois d’avril. Nous équipons la cavité en vue du camp prévu à Pâques
et qui doit durer trois jours.
Un reportage photo est réalisé, et pour ce premier dimanche, toute la descente des puits
est photographiée.
Une semaine plus tard, avec des copains de Millau (Rieu,Vielledent et Bourrel) et
Claudine, nous descendons en visite jusqu’au camp 2
Ceci conclura pour moi les descentes dans cet aven qui nous a donné tant de plaisir mais
aussi de la fatigue et quelques déboires. Mais ça restera encore pour quelques années le
terrain de jeu du club et celui d’autres spéléologues
Lors des déséquipements, lorsque le temps le permettait, nous avions l’habitude de nous
arrêter au bord de la Vis pour laver le matériel. Une fois, toutes les conditions étaient
réunies :il faisait beau et chaud. Nous en profitons pour pique-niquer au bord de l’eau.
Nous avons tendu une corde d’un bord à l’autre de la rivière et avons accroché tout le
matériel dessus de manière à ce qu’il se lave tout seul.
Nous étions là en train de « Flemmarder » au soleil, lorsqu’on voit arriver le gardepêche. Il a commencé par nous demander ce que nous faisions là et pourquoi cette corde
qui barrait la rivière. Notre réponse, lui disant que c’était pour laver le matériel, ne le
satisfait pas. Il ne nous croit pas. Il a fallu que nous lui montrions que c’était bien du
matériel spéléo et non un filet comme il pensait.









En 1973, nous décidons de créer notre propre organisme de secours : le GASS 30.
Après pas mal de démarches et d’entraînement nous sommes fin prêt.
Un vendredi soir, nous sommes au bistrot, après la réunion hebdomadaire, lorsque nous
recevons un appel : un accident serait survenu à Beaume Latrône. Branle-bas de
combat : tout le monde sait ce qu’il doit faire. Nous récupérons tout le matériel
nécessaire et nous filons sur Russan. Jusqu’à la sortie du « blessé », personne n’a crû
que ce n’était qu’un exercice. Tout s’est très bien passé, il y a des choses à revoir et à
améliorer, mais nous savons que nous sommes efficaces.

5 : Une pause

De 1974 à 1978, je continu à être membre du club et affilié à la FFS, malgré que je ne
fasse pas beaucoup de spéléologie. Mais je ne reste pas inactif. Je pratique la randonnée
pédestre (j’irais faire la Vallée des Merveilles) et le cyclotourisme. En 1978, j’arrête
définitivement (c’est ce que je croyais à ce moment-là) la spéléologie pour me consacrer
complètement au vélo. Je le pratiquerai jusqu’en 1991. Je sors presque toutes les
semaines avec en moyenne 80 à 100km à chaque sortie. Tous les ans avec Jean et
Raymond, nous partons faire un brevet cyclo-montagnard de 240 km environ. Pour cela,
nous irons dans le Jura, les Alpes, le Massif Central, les Pyrénées. Je ferai aussi le Tour
du Gard, de la Lozère, et de l’Ariège. Je créerai une section cyclo au sein de l’ASPPT,
puis je me présenterai au CODEP (comité départemental de cyclotourisme du Gard)
dont j’en serai le président.
Tout ça, m’occupe énormément, mais je n’oublie pas le milieu spéléo. Et chaque fois
qu’il se passe quelque chose, je m’y intéresse.
Mais chassez le naturel et il revient au galop : c’est pour ça qu’en 1991 je vais revenir à
la spéléologie.

1991 : Le Retour

Après avoir quitté le club pendant une dizaine d’année (pour de raisons professionnelles
et familiale), je suis contacté par Pascal Bride, que je ne connais pas à ce moment-là,
pour participer à un nouveau pompage à la Fontaine. Le club avait besoin de beaucoup
de monde et on faisait appel aux « anciens ».
Je ne savais pas si j’allai répondre favorablement à cet appel, car je ne connaissais plus
grand monde dans le milieu spéléo, et je pensai que les anciens comme moi avaient
décroché.
Après mûres réflexions, je me dis : « pourquoi ne pas y aller ? Ce ne sera que pour cette
expédition ».
Mon virus était en train de me reprendre, j’allai replonger dans le milieu spéléologique.
Je ressors d’une vieille malle, mon casque et ma calebombe. Puis je me rends sur place
et prend une assurance provisoire pour la durée de l’expédition.
Je me rends compte qu’effectivement, je ne connais pas grand monde, hormis quelques
anciens, qui contrairement à moi, avaient continués.
Mais je constate que, malgré cela, l’ambiance du club est toujours la même : travail,
bonne « bouffe » et rigolade.
Le pompage va durer trois semaines environ. Je m’y rendais dès que j’avais fini mon
travail. Ma femme ne me voyait presque plus (sauf lorsqu’elle venait sur le lieu du
pompage).
Lorsque cette expédition fut terminé, je pensais quand même que j’allais décrocher, car
j’allais avoir 40 ans et que je n’avais plus d’entraînement : que de mauvaises raisons.
Mais sans m’en rendre compte, le « Virus Spéléologiqua », qui était endormi depuis une
dizaine d’année, reprenait de la vigueur et quelle vigueur !!!
Je repris ma carte au club, l’assurance de la FFS, et depuis (nous sommes en 2019), je
n’ai pas arrêté.
Entre temps (un mois environ après la fin du pompage), un des plongeurs, Guy Peigney,
nous quittait le 29 septembre lors d’une plongée dans la résurgence de la Marnade.
Maintenant que je suis de retour au sein de ce fabuleux club qu’est l’ASN, je prends mes
fonctions de pilier du club, car je connais la vie de celui-ci depuis presque sa création .Je
suis un des plus anciens.
Maintenant, la spéléologie que je pratique est plus scientifique que sportive. Les buts
que je me suis fixés sont la photo, la topographie et la désobstruction
Pendant toutes ces années futures je vais m’engager dans l’administration du club. Mon
premier mandat me verra comme vice-président, puis je prendrais la fonction de
secrétaire que je garderais jusqu’en 1997 où je serai élu président jusqu’en 1999.
Suite à ça je reprendrais mes fonctions de secrétaire jusqu’en 2004 où je serais réélu,
malgré moi, président jusqu’en 2007. Puis je reprends mes fonctions de secrétaire

1992

En début d’année, le président de la région Languedoc Roussillon, Alain Alonso
(membre de l’ASN) me demande si j’étais intéressé pour faire partie de l’équipe qu’il
monte pour aller visiter une partie du Réseau Lachambre près de Perpignan. J’avais
entendu parler de cette magnifique grotte, et ma réponse fut positive. Lorsque je pense
que je viens de revenir au club, que la plus part des membres ne me connaissent pas et
que je vais faire partie de ces privilégiés qui va visiter ce réseau !!!







1993
Création de l’Association Fontaine de Nîmes

Après l’expédition pompage à la Fontaine de Nîmes en 1991, nous sommes restés deux
ans sans en parler. On pourrait croire que c’est fini et qu’il n’y a plus rien à faire.
Mais, voulant continuer les travaux, une poignée d’amoureux de la fontaine (dont je fais
partie) décide de se regrouper : l’Association Fontaine de Nîmes était née.
Le 21 Novembre 1993, nous organisons une sortie collective pour repérer les diverses
cavités connues pour leur correspondance avec la Fontaine.
De cette ballade, il ressort trois chantier principaux : l’aven de Belle rose, l’Aven de la
combe de Belle rose et les avens du Pont de la République
Le 10 janvier 1994, suite à de fortes pluies, Marceau prospecte dans le secteur du Pont
de la république et voit l’aven qui absorbe tellement qu’il en est saturé. Le surplus de
l’eau s’infiltre 30m plus en aval sous le petit barrage. A voir en vue des prochains
travaux.
Le 16 janvier, trois équipes sont formées pour une prospection. L’une d’entre elle doit
aller voir le propriétaire du terrain où s’ouvre l’aven de Belle Rose : il ne veut voir
aucun spéléologue sur son terrain, mais nous signale qu’en 1988, la pluie avait formé
une mare qui fût absorbée en 3h. A revoir.
Quant à l’aven de la combe de belle rose, nous entamons la désobstruction à l’aide
d’explosifs. Puis, nous faisons appel aux pompiers pour inonder et nettoyer l’aven.
Pendant 34 mn, ils envoyèrent de l’eau qui fût absorbé par l’aven. A revoir
Au mois de février, nous continuons la désobstruction de ce petit aven et nous posons
une grille de protection, car il est en bordure du chemin.
Entre temps, nous avons commencé la désobstruction au Pont de la République. Le 13
Mars, vers 12h30 , nous atteignons la profondeur de 6,30m.
Vers 16h, je suis à l’extérieur, et je guide le câble qui remonte les seaux au moyen d’un
treuil électrique. Sur ce câble, il devait y avoir un « gendarme » : mon gant s’est
accroché au câble et a entraîné ma main dans la poulie du treuil. Seul le pouce sera
déchiqueté. Rapidement, Frédérique Lacroix, ma emmené aux urgences de la clinique St
Joseph où se trouve un spécialiste de la microchirurgie de la main. Elle est suivie de
Gilbert Jouanen et d’Elizabeth. Ce sera moins grave que ce qu’on pensait. En fin de
compte se sera le seul accident spéléo que j’aurai eu.
Les travaux au Pont de la République vont continuer jusqu’en 2005 : nous ferons alors
une pause pour quelque temps.
Ce n’est pas notre seul chantier : il y a aussi le « Puits Poubelles » situé sur la route
d’Ales et qui communique avec la Fontaine. Les travaux avaient commencés avec l’ASN
à l’automne 1991.Les conditions étaient très difficile et l’abandon des travaux par
lassitude.
En 1994, avec L’association fontaine de Nîmes, je prends part au nettoyage de ce puits :
plus de dix mètres de détritus ont été enlevé. Le trois Septembre, nous installons un
platelage de sécurité à la base du puits, un mètre au-dessus de l’eau.

1998:Le Dévoluy

Un vendredi soir, pendant la réunion, nous décidons d’aller faire un petit camp dans le
Dévoluy. Nous cherchons dans les archives du club quelles cavités nous pourrions faire.
Les dates sont arrêtées : ce sera du 18 au 25 Juillet
Le samedi 18, nous partons de Nîmes vers 10h30 et arrivons au camping vers 15h.
L’installation du camp est vite faite, et nous partons à la Jou du Loup (petite station de
ski) pour faire quelques courses. En chemin nous nous arrêtons pour voir la « Via
Ferrata du Détroit » et le petit canyon du même nom que nous comptons faire plus tard.
Retour au camping où nous prenons un bon repas et allumons un feu de camp : nous
avons l’autorisation du propriétaire du camping.
Le lendemain, nous partons faire une randonnée de repérage des divers « Chorums »
qui sont pointés sur la carte. Nous comptons en faire 3 où 4 : ça dépendra de la forme.
Nous allons jusqu’au hameau de Lachaud en voiture. Puis nous partons à pied : de suite
nous commençons à grimper. Les sacs sont bien chargés. Yves, qui étrenne de nouvelles
chaussures, commence à avoir des ampoules. Il est obligé de les changer, tout comme
Thierry quelques temps après.
Finalement nous arrivons au « Chorum du Clot » : c’est une merveille de beauté (le névé
qui descend à l’intérieur de la cavité) et de froid (un air glacé remonte des profondeurs).
Nous continuons notre chemin, en nous déployant pour chercher les autres
« Chorums ». Au bout d’un moment nous apercevons Thierry qui nous fait de grands
signes : il a trouvé le « Chaudron ». Mais il n’est pas tout seul : une spéléologue du coin,
nous avait vu et était venu nous rejoindre.
Après les présentations, Stéphanie nous explique qu’elle était à la recherche de ses
copains qui devaient faire le « Picard 4 » que de loin elle nous avait vu et était venu à
notre rencontre.
Nous faisons une halte pour manger au bord du « Chaudron ». Comme elle ne travaille
pas le lendemain, elle laisse son matériel à l’entrée de la cavité, car elle nous
accompagnera. Nous continuons, en sa compagnie, notre repérage et tombons sur ses
copains qui font effectivement le « Picard ».
Après discussions et prise de contact avec leur club, Stéphanie décide de nous
accompagner jusqu’à Lachaud. En chemin, nous avons cherché en vain le « Chorum
Daniel ». Nous reprenons la voiture, et remontons le chemin que nous avions fait le
matin à pied. Là, elle nous montre le « Trou d’uc », pas très loin du « Chorum Clot ».
Avec le soleil qui a tapé toute la journée, Thierry est rouge comme une écrevisse.
Pendant la ballade, nous avons entendu et vu trois marmottes.
Retour au camping, où nous avons la visite de Philippe Alteyrac et de sa famille. Vers
20h30, arrivée tardive d’Henri et d’Isabelle. Apéritif et souper et feu jusqu’à minuit. Le
ciel est magnifique et constellé d’étoiles plus brillantes les unes que les autres.
Le lendemain, le levé est dur pour certains, 7h15 pour les premiers et 8h pour les autres.
Le ciel est au beau fixe : nous allons avoir chaud.
Le rendez-vous avec Stéphanie est prévu pour 10h à Lachaud : nous y arrivons à 10h20 :
quel exploit.
Surprise : elle nous attend au parking avec le 4X4 de son père. Elle nous propose de
transporter tout notre matériel jusqu’au « Chorum Clot ». Bien entendu nous ne
refusons pas cette chance. Nous ne ferons pas cette cavité aujourd’hui, c’est le
« Chaudron » qui est prévu. Arrivé au bord de celui-ci, nous commençons par casser la
croûte : nous entamons la descente vers 12h. Henri, Isa et moi n’iront pas jusqu’au fond.
Il fait froid, les petits puits se succèdent. Ils sont magnifiques et ornés de beaucoup de
rognons de silex. Dans le dernier (celui où nous arrêtons), Thierry qui équipe, arrive à
2m du fond et voit sa corde trop courte : il saute mais ne se fait pas mal. Yves le suit et
raboute une autre corde. Stéphanie descend à son tour. Pendant ce temps, avec Henri et
Isa, je remonte et nous sortons vers 17 h : les autres 1h plus tard.
Très bonne journée que nous terminons autour d’une bonne bière à la Jou du Loup et
retour au camping.
Le lendemain, matinée farniente, apéritif puis dîner au camping. L’après-midi, nous
allons faire le petit canyon du « Détroit ». Il n’est pas bien long (300m). Les gorges sont
très resserrées. Arrivé à la première cascade, je ne suis pas très rassuré : c’est mon
premier canyon. Elle ne fait que 6m : je la passe bien ainsi que les deux autres qui font
10m. La sortie se fait dans le ruisseau, après être passé sous la passerelle de la via
Ferrata.
De là, nous allons faire des courses à Super Dévoluy, avec Henri et Isa ; Thierry et Yves
sont repartis à Nîmes car ils avaient un chantier à terminer.
Retour au camping en fin de journée.

1999
Pompage à Castel-Bouc (Lozère)

Avec « Fontaine de Nîmes », je participe au pompage de Castel-Bouc 1en Lozère, du 22
Août au 29 Août 1999
Nous arrivons sur le site vers 11h le dimanche 22. Installation du camp.
Après un bon repas, nous commençons la mise en œuvre du matériel : tirage des câbles,
branchement, isolation des connexions des pompes au moyen de résine, etc…
Tout cela nous tiendra jusqu’au soir.
Lundi
Le lendemain matin, les pompiers arrivent vers 9h30 : branle-bas de combat. Il faut
tirer les câbles, les tuyaux, et mettre les premières pompes en route. Pendant tout ce
temps, avec Thierry Aubé, je fais des photos de l’aménagement du camp.
Vers 17h45, tout est prêt : les pompes peuvent être mises en route.
A 20h, Jean Bancilhon réuni tout le monde pour établir le programme du lendemain :
tour de garde pour la surveillance des pompes, futures explorations, topographie,
photos. Les équipes se montent.
Mais à 21h : catastrophe. Nous apprenons que l’équipe de Roumain (ils étaient venus
pour le pompage), était allé explorer la grotte du Coutal vers Sainte Enimie et avait eu
un accident dans cette cavité.
Comme le Spéléo Secours Français du Gard est présent sur le site avec tout le matériel,
une première équipe part immédiatement.
En attendant la vie du camp continue, car il faut surveiller les pompes.
Je prends mon tour de garde de 1h à 3h30
Mardi
L’attente des nouvelles de l’accident durera jusqu’à 4h du matin.
A partir de là, le camp va se vider petit à petit et ce jusqu’à 9h, où nous sommes les
quatre derniers à partir pour remplacer ceux qui sont fatigués et pour finir de
déséquiper la cavité. Le brancard est sorti vers midi, la blessée a une fracture du bassin :
elle est immédiatement hélitreuillée, direction l’hôpital de Millau.
Le déséquipement se termine à 14h30 : je sors avec mes compagnons et après une bonne
collation préparée par les pompiers, nous retournons au camp vers 16h.
Nous nettoyons le matériel, puis nous retournons à la surveillance des pompes.
A 20h, nouvelle réunion pour le programme de la nuit et du lendemain.
Je vais souper avec mes amis du Vigan, puis repos bien mérité.
Mercredi
Le lendemain, plusieurs équipes sont parties au petit matin : topo, télévision, pointe.
Je reste à la surveillance des pompes toute la matinée. Vers 14h30, je pars avec Thierry
et Tony faire du repérage pour la séance de photo du lendemain.
A la sortie (20h45),je suis lessivé : ils m’ont fait courir. C’est là que je me suis rendu
compte que j’approchai de la cinquantaine. Ce jour-là, nous étions 38 dans la cavité,
toute équipe confondue. Heureusement que la cavité est grande. Les sortie vont
s’échelonner jusqu’à 3 h du matin.
Jeudi
Après une bonne nuit, pour changer un peu, je prends mon quart de surveillance vers
8h30. Le ciel est menaçant. A 9h il commence à pleuvoir. Nous mettons des bâches sur
tous les appareils électriques. Les trois pompes sont en action et maintiennent le débit.
Nous avons des nouvelles de Hure : ce n’est pas très bon.
Marceau Lacroix, responsable du pompage, interdit l’entrée de la cavité à tout le
monde : question de sécurité.
Les activités reprendront dans la grotte que vers 19h.Une équipe part faire une
coloration dans le deuxième lac.
J’ averti Thierry que je ne viendrais pas avec lui pour la séance photo du lendemain.
Vendredi
Vers 5h, il réunit son équipe (6) et va faire les photos de la grande salle, des lacs et de la
trémie. Lorsqu’il part, je vais me coucher car je viens d’effectuer mes 2h de surveillance.
Il sera suivi de plusieurs équipes qui finiront les diverses remontées et qui rapatrierons
tout le matériel : c’est le dernier jour du pompage.
L’arrêt des pompes est prévu pour 17h : les derniers sortiront que vers 19h45.
Après le débriefing et les discours d’usage, nous passons à l’apéro.
Puis nous sommes invités à passer à table pour les grillades et l’aligot. Nous sommes
environ 150.La soirée s’est terminée vers 1h du matin.
Samedi
Au petit matin, démontage du camp et nettoyage du matériel. A 14h tout est terminé.
Quelques courageux sont allés faire Castel-Bouc 4, pendant que d’autres flemmardaient
au soleil et que certains rentraient chez eux. Le soir nous avons un gros orage.
Dimanche
Le lendemain, Castel-Bouc 1999 est terminé, il ne me reste plus qu’à rentrer à la maison
en pensant au prochain pompage en 2000

Aven Bunis 2006

Lors de la réunion du Vendredi, nous proposons, Jean-Michel et moi, de faire l’aven
Bunis. Pour certain ce sera la première fois, mais pour nous ce sera de voir si nous
pouvons passer ces « p….. » d’étroitures. Bien entendu, ce ne fut que sarcasmes : vous
êtes bien trop gros, vous ne passerez jamais, bref ils nous lançaient un défis.
Le dimanche 8 janvier, nous voici partis pour cette cavité aux multiples étroitures. Tout
était pour le mieux, et nous avions même de la neige.
Nous commençons par un bon casse-croûte, car il ne faut pas partir le ventre vide.
Pendant ce moment, nous voyons des spéléos de la Drôme qui viennent faire l’aven de la
Licorne tout prêt de là.
Puis vient le moment de s’équiper. Pierre nous conseille de ne pas mettre nos baudriers
de suite, car nous aurions du mal à passer les trois premières étroitures. La suite nous
prouva qu’il avait raison.
Les deux premières se passent sans encombre. Nous arrivons à la troisième. Les « chats
maigres » passent comme une lettre à la poste, même Amélie avec son mètre quatrevingt. Les deux derniers sont Jean-Michel et moi.
Jean-Michel essaye de passer, d’abord sans enlever sa combinaison, la tête en avant, un
bras devant : rien à faire. Un deuxième essaie avec les deux bras en avant : ça ne passe
toujours pas. Puis c’est les pieds en avant : même résultat, il se bloque toujours au même
endroit. Il ressort et enlève sa combinaison, puis la sous-combinaison, et malgré mes
encouragements et ceux de Sophie, rien à faire.
A ce moment-là, je lui dit « attend, je vais voir le topo ».
Après observation, je lui confirme que ça passe, puis voulant le mettre en confiance, je
lui dis : si tu passes je passerais aussi. Alors, à ce moment-là, étant sur que je passerais
et ne voulant pas rester seul derrière, il quitta pour la deuxième fois tous ses vêtements
ne gardant que son slip et son T-shirt : grave erreur.
Il s’engage dans cette étroiture, tête la première. Le premier mètre passe très bien, mais
voilà qu’il se retrouve bloqué. Heureusement que Sophie était passée avant lui : elle
réussit à le tirer en attrapant son T-shirt, car c’était lui qui l’empêchait d’avancer. Enfin
le voilà de l’autre côté. Maintenant, il ne me restait plus qu’à tenir ma parole. Ayant
voulu lui prouver que moi je passerais mieux que lui, je n’enlève même pas ma
combinaison : fatale erreur.
Je m’engage la tête en avant, un bras sur le côté et l’autre devant (comme au temps
jadis). Comme pour Jean-Michel, le premier mètre se passe bien. Je me dis en moimême : il ne fallait pas en faire tout un fromage de cette étroiture. Mais voilà que
j’arrive où Jean-Michel s’est coincé et comme lui je me retrouve dans cette position
inconfortable où on ne peut ni avancer ni reculer : je suis bloqué.
A la différence d’avec Jean-Michel, c’est que derrière moi, il n’y a plus personne pour
me tirer par les pieds et me délivrer de ce piège. J’aurais dû faire comme lui et me
déshabiller : mais non, il fallait que je sois le meilleur. Je resterais coincé pendant
environ vingt minutes. C’est à ce moment-là qu’il m’est passé une foule de choses dans
la tête : s’il fallait avertir le SSF, qui pourrait le faire et comment ? Tout le monde était
devant et moi je bloquais le passage. De plus il n’y avait personne en surface.
Au début, ne réalisant pas que j’étais en réelles difficultés, Sophie en profitait pour
prendre des photos : ce n’est pas tous les jours qu’on peut prendre le président coincé
dans une étroiture.
Le temps passant, et me voyant rouge comme un coquelicot, elle réalise que ce n’est pas
du bluff. Elle appelle alors Jean-Michel à la rescousse. Il réussit à saisir le haut de ma
combinaison et tirant de toutes ses forces, il me dégage de ce mauvais pas. Ce fût comme
une nouvelle naissance : j’aurais mal aux côtes pendant une paire de mois.
Sachant que la chatière suivante était pire que celle-là, je prends la sage décision avec
Jean-Michel de rebrousser chemin : mais il faut repasser cette p….. d’étroiture. Nous
demandons à Sophie de nous indiquer la meilleure position pour passer. La voir passer
et repasser dans différentes positions nous écœura. Julie-Anne décide de nous
accompagner. C’est après avoir fait un petit strip-tease (il ne me reste que mes
chaussettes et mon slip) que je réussi à passer, non sans mal. Sophie, d’abord et JeanMichel en ont profité pour me prendre en photo quasiment à poil.
Ensuite, Sophie est allée rejoindre le groupe pour finir l’exploration. Quant à nous, nous
sortons tranquillement.
En les attendant, nous allons voir l’entrée de la Licorne.
Maintenant, les chatières et étroitures en tout genre, je les regarde d’un autre œil : pas
celui de quand j’étais un peu gringalet. J’ai bien compris la leçon

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